Seize années après l’interdiction de l’amiante dans l’Union européenne, le bilan de la gestion des déchets contenant ce matériau toxique demeure préoccupant. Le Parlement européen a récemment lancé une étude pour élaborer une stratégie efficace de gestion de ces déchets, et la commission a dévoilé son rapport en juin dernier. Ce document, issu d’une analyse rigoureuse de 112 articles scientifiques, ainsi que de deux enquêtes en ligne et de dix-huit interviews, a abouti à treize conclusions et cinq recommandations cruciales.
Un Traitement Majoritairement Enfouir :
Il ressort de cette étude que l’enfouissement des déchets amiantés représente le traitement prédominant au sein des États membres de l’UE. Pourtant, avec la transition énergétique en cours, la quantité de déchets contenant de l’amiante est susceptible d’augmenter de manière significative. Un fait alarmant est le manque de données statistiques précises sur ces déchets. Actuellement, la seule collecte d’informations se limite à celles fournies à Eurostat, tous les deux ans, englobant l’ensemble des déchets, qu’ils soient amiantés ou non.
Un Besoin Aigu de Normes Communes:
Face à cette absence de données fiables, les parlementaires ont souligné l’importance d’établir une méthodologie standard au niveau européen pour la collecte et la gestion des informations relatives aux déchets amiantés. Ils ont mis en lumière les “différences significatives” existant entre les États membres concernant les protocoles de détection de l’amiante dans les bâtiments. Bien que près de la moitié des pays de l’UE aient développé des documents d’information visant à gérer ces déchets, la situation reste insuffisante.
Le rapport met également en évidence un autre aspect préoccupant : la valorisation des déchets. À l’exception de la vitrification, la capacité de valorisation des déchets amiantés est pratiquement inexistante. Pourtant, plusieurs technologies innovantes de traitement de ces déchets pourraient être adoptées à l’échelle industrielle dans un avenir proche.
Les Risques Liés aux Bâtiments:
L’un des points centraux du rapport souligne que les chantiers de construction, ainsi que la gestion des déchets issus de la construction et de la démolition, présentent le plus grand risque d’exposition à l’amiante. En effet, l’utilisation historique d’articles contenant de l’amiante dans le secteur de la construction demeure problématique.
L’on s’inquiète également de l’héritage d’amiante laissé aux générations futures. L’exemple tragique d’un opérateur de désamiantage de 33 ans, décédé en 2020 en raison d’un mésothéliome, met en lumière cette réalité. Ce professionnel de santé avait apparemment négligé de porter un équipement de protection respiratoire lors de travaux sur des sites où la concentration d’amiante n’excédait pas les 5 fibres par litre d’air, illustrant ainsi les dangers persistants associés au travail avec des matériaux contenant de l’amiante.
Il est désormais crucial que l’Union européenne prenne des mesures définies pour améliorer la gestion des déchets amiantés. La mise en place d’une stratégie harmonisée, fondée sur des données fiables et des technologies de traitement innovantes, est essentielle pour protéger la santé publique et l’environnement. Le chemin à parcourir reste long, mais il est impératif que les responsables politiques, les entreprises et les citoyens unissent leurs efforts pour faire face à ce défi de taille. Il en va de la sécurité des générations présentes et futures.